São Bento[1] a vécu une journée de débats mouvementés sur les projets de loi concernant le droit à mourir dans la dignité. Tous les projets de loi présentés, ce mardi 29 mai 2018, sur la dépénalisation et la réglementation de la mort médicalement assistée avait un seul dénominateur commun : toutes les personnes en situation de fin de vie et dans une souffrance intolérable. Malgré des débats de grande qualité où les partisans et les opposants ont pu confronter tous leurs arguments, sans être liés à une logique et discipline de vote de parti, le NON l’a emporté.
L’essentiel du projet de loi échouée, ce jour, énonçait que :
– seules les personnes majeures bénéficient de ce droit nouveau ;
– la personne demanderesse doit être parfaitement consciente ;
– la personne doit être auscultée par différents spécialistes, parmi lesquels des psychiatres qui attestent de la santé mentale du patient demandeur ;
– le caractère irréversible de la pathologie doit être prouvé ;
– dans le cas la personne tombe dans le coma et que la démarche du demandeur n’a pas pu aboutir, l’euthanasie ne sera pas pratiquée ;
– la pratique de l’euthanasie devra être effectuée uniquement par des professionnels et dans des lieux habilités par la loi ;
– les professionnels de santé peuvent refuser de l’effectuer, s’ils y sont opposés.
Notre être au monde et aux autres se construit, notamment en lien à une chaîne de valeurs, de principes, de croyances, d’idéologies, d’expériences, de sentiments comme la peur, particulièrement bleue, concernant notre mort et celle de ceux que nous aimons, mais :
« (…) écoute-moi
Que le jour te soit limpide et
À chaque recoin de lumière puisses-tu recueillir
Assez d’aliments pour ta mort »[2].
Si un poème n’apporte pas de réponse évidente à la mort qui nous attend, chacun et chacune, ni même au préalable de celle-ci, rien ne nous soustrait non plus à l’immense question de la dépénalisation de la mort médicalement assistée, sous consentement. Ainsi, le débat est légitime et la décision qui nous incombe, en cas d’issue définitivement condamnée, tout autant. Certes, le sujet est extrêmement complexe et passionnel. D’ailleurs, tout ce qui bouscule nos valeurs et qui peut attiser notre peur primaire de la mort n’est guère raisonnée, ni accompagnée dans nos sociétés occidentales qui continuent de ne pas la regarder vraiment en face. L’angoisse profonde vis-à-vis de la mort qu’on dit néanmoins « naturelle et faisant partie de la vie » bon an mal an demeure, ici-bas, plutôt taboue et peu propice à des débats sereins dans l’espace public, ni au Portugal, ni dans d’autres États européens, qui traînent sciemment à se saisir d’un sujet pourtant majeur de droit humain fondamental. Le chemin du libre arbitre reste souhaitable, celui qui a rendu réel, par le passé, le droit à l’IVG, au Mariage pour tous et à la PMA.
Le respect de toutes les convictions est impératif mais nombreuses sont les déviations inutiles d’intolérants obscurantistes à combattre, véhiculés notamment par les réseaux sociaux. Ces derniers rendent bêtement grâce à des lieux communs quasi sanctifiés tel l’assimilation de l’euthanasie médicalement assistée au meurtre prémédité. Surtout, ils empêchent de débattre seulement et très précisément sur ce qui est en cause, dans les textes parlementaires, ni plus ni moins : « anticipation de la mort, d’une personne majeure par décision propre, en situation de souffrance extrême, porteur d’une lésion irrémédiable ou d’une maladie incurable et fatale, lorsque uniquement pratiquée et aidée par des professionnels de santé ».
Point d’erreur, il s’agit bel et bien de dignité et de liberté. La liberté et la dignité rendues à un être humain de décider de partir quand la vie n’est plus possible.
« (…) pour nous seule existe la liberté
De dire oui ou de dire non
pour vivre en paix avec son cœur »[3].
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