Le 13 septembre 2018, la désormais belle éveillée et dynamique ville de Metz a accueilli le Secrétaire d’État auprès des Communautés portugaises du monde, José Luís Carneiro. Les Portugais y vivent depuis longtemps, comme partout en France, en Europe et dans 178 États du monde. Metz figure bel et bien sur cette carte de l’Europe et du monde !
Une journée rythmée de visites emblématiques de l’identité patrimoniale et culturelle d’une ville qui travaille jour et nuit à figurer au classement du patrimoine mondial de l’humanité. Une journée rythmée de rencontres qui disent toute la confiance en l’avenir que Metz nourrit pour les siens, en son avenir européen notamment.
Dès lors, comment ne pas être ravi par un Centre Pompidou-Metz qui tient la promesse de Culture pour tous où le Japon a été récemment à l’honneur et où des chefs d’œuvres de la Fondation internationale Calouste Gulbenkian ou de celle de Serralves clignent déjà de l’œil dans l’attente d’y être exposés. Bientôt ? C’est le souhait du Ministre et celui de nombreuses autres personnes parmi celles et ceux qui savent les trésors que protègent ces hauts lieux d’exposition de Lisbonne et de Porto.
L’exposition « Couleurs » a donné le ton ou plutôt les tons à ce Protocole important que Monsieur José Luís Carneiro est venu cosigner avec le Maire de Metz, Dominique Gros, et Monsieur Manuel Meireles De Sousa qui préside au destin de l’Association culturelle locale, fille cadette d’une association mère née au début de l’année 70, avec l’arrivée massive des clandestins Portugais fuyant un demi-siècle de dictature salazariste dont la vie se résumait au silence absolu, sans espérer même une nourriture digne de la terre dont ils ne seraient jamais propriétaires jusqu’à ce qu’advienne la Révolution d’une fleur. Une Révolution dont le monde se souvient comme si c’était hier sur les fusils des Capitaines d’Avril et le Maire de Metz de s’en émouvoir dans un discours semé d’œillets rouges ! “Le Portugal est un exemple pour l’Europe !”
Bliiida[1] n’a pas déçu, ni les opportunités de coopérations qui s’y offrent et où un souffle créateur s’affirme fièrement partout, à chaque allée et à chaque recoin, même l’imprimante 3D le crie et le créée. Mamytwink[2] ne nous démentira pas pour laisser Bliida se hisser au rang de la métropole lisboète et de son LxFactory[3], pépinière d’idées, de talents et d’innovations comme le XXIème siècle en attend fébrilement : géniales !
18h30, rendez-vous au Cloître des Récollets, sur la colline Sainte Croix que les Européens de Metz connaissent bien pour y avoir vécu longtemps, celles et ceux de tout le sud ibérique et de la botte, anciennement étrangers avant Maastricht[4] et le droit de vote aux élections locales et européennes, en 2001. Ils sont présents, vêtus des couleurs du Minho, échangent avec les autres leaders associatifs dont l’engagement messin, sans faille, font de la fraternité plus qu’un mot mais une réalité de tous les jours, dans une ville et sa Métropole qui aiment l’Europe, celle de la paix et de tous les progrès encore possibles.
Là se croisent ces Portugais, certains aux mains calleuses, stigmates du dur labeur affronté et leurs descendance, aux mains plus épargnées, ces Européens convaincus, dès l’exil de Mário Soares et des autres exilés que l’Europe serait une chance d’émancipation et de réalisation pour chacun des siens, eux, en ce 13 septembre 2018, les témoins majeurs de la signature d’un Protocole qui reconnaît leur présence et leur engagement, leur citoyenneté européenne, leur contribution à la fraternité des peuples. Quoi de plus important que cette fraternité, préalable d’un nouvel humanisme en Europe que certains s’obstinent à piétiner, phrase après phrase, comme Messieurs Orban et Salvini ?
Héritiers des navigateurs du XVIème siècle qui ont donné de nouvelles routes maritimes au monde, amoureux du monde, qui savent « être tout » comme l’écrivit Fernando Pessoa[5], au début du XXème siècle, qui savent aussi que « le local, le leur, c’est l’universel moins les murs », celui de Miguel Torga[6], plus loin dans ce XXème siècle hanté par des cortèges de ombres défigurées et massacrées.
Il s’agira d’enseigner la langue de Camões[7], pratiquée par 250 millions de locuteurs dans le monde, de cinéma, de littérature, de poésie, de folklore, de fêtes culinaires, de portugalité, de partage, d’Europe, d’Europe, d’Europe !
Enfin, il s’agit de démocratie européenne. José Luís Carneiro est venu transmettre ce message européen important, à ces européens de la première heure qui n’avait pas le droit de vote, ni ici, ni là-bas, des décennies durant. Socialiste et digne de ce nom, il est un des défenseurs d’un éventail de lois historiques, votées le 18 juillet dernier, à São Bento (le Parlement du Portugal), dont ses concitoyens du monde, plusieurs générations confondues de mono ou binationaux, sont la cible heureuse. Victoire pour la démocratie ! Désormais, ils seront recensés automatiquement et auront le droit de vote facilité, après des décennies sans droits civiques et politiques pleins et entiers, à la hauteur de l’article 14 de la Constitution du Portugal. Il s’agit de millions de personnes, dont des messins. Il s’agit de démocratie européenne quand la vie de ces Européens se partagent entre deux pays et servent leurs deux pays, voire plus. « Votez, chaque fois que vous serez appelés à le faire, pour-ici et pour-là-bas, pour vous et vos enfants. Votez pour l’Europe que vous êtes, ce soir, celle des peuples d’Europe, belle et fraternelle ! »
Ce fut un jour de septembre, à Metz. Un jour de Protocole, un jour de l’histoire européenne de Metz. Maintenant, place à tous les autres jours d’engagement européen. Obrigada!
NDO
[4] Signature du Traité dit de Maastricht 1999
[5] écrivain et poète portugais (1888-1935).
[6] romancier, poète et conteur, une des autres figures majeures de la littérature portugaise du XXème siècle (1907-1995).
[7] écrivain et poète portugais, unificateur de la langue portugaise (1525-1580).